Coquilles

COQUILLES, SABLE ET CARAPACES DE CRUSTACÉS





Ici nous allons relever des détails négligés, des à-côtés anecdotiques ou contingents glanés au détour de quelques unes de nos lectures consacrées au Grand Homme ces derniers temps.

Les évènements familiaux permettent parfois de dater précisément un récit. Ainsi, dans Les Enfants Perdus, de Georges Gabory (Éditions de la NRF, 1923), les premiers mots sont : « Un soir, vers la fin du mois de février 192. , ... » Or, dans le texte, au cours d’une conversation entre Gabory et Malraux, ce dernier annonce son prochain mariage, ce qui permet de dater précisément les épisodes du livre par l’année 1921, car André et Clara se sont épousés le 21 octobre 1921. Les premiers mots doivent donc être ainsi précisés : « Un soir, vers la fin du mois de février 1921, ... »

Dans Le pays d’origine, d’E. Du Perron (Gallimard, 1980), certains chapitres débutent par l’indication d’un mois. Ainsi, le chapitre XI Conversation avec Héverlé (=Malraux) porte la mention Mai (p. 164). À la page suivante on lit : « Madame avait mis au monde une petite fille […] la naissance remontait déjà à quatre jours. » Florence Malraux étant née le 28 mars 1933, le chapitre devrait donc être daté Mars ou Avril (et toutes les mentions de mois du livre devraient être avancées de deux unités ?).

On sait que la préface à une réédition en 1923 du Mademoiselle Monk de Charles Maurras a été écrite par André Malraux (voir TH Maurras). Celui-ci, interrogé, a toujours minimisé et récusé ce texte, un travail alimentaire selon lui, et il a toujours nié avoir eu un intérêt quelconque pour Maurras. Nos vingt ans de Clara Malraux, dans la collection Les Cahiers Rouges chez Grasset (1992), est la réunion des derniers chapitres du tome 1 (1964) et du tome 2 (1966) des Mémoires de Clara. Dans le train qui les emmène à Florence en 1921 (p. 33), André descend sa valise du filet pour y prendre un livre qu’il veut faire lire à Clara. Il s’agit d’Anthinéa (1901) de... Charles Maurras !

Dans ce même livre de Mémoires de Clara Malraux, cette dernière apprend que le jeune homme qu’elle vient de rencontrer « a traduit des fragments de la Cantilène de Sainte Eulalie » (p. 14). Pourquoi pas ? André avait certainement les connaissances nécessaires des parlers picard, wallon, champenois et autres, puisqu’aussi bien, selon ses dires il maîtrisait le sanskrit, par exemple ! (Chez TH Bouissounouse : « Qu’importe qu’il m’ait souvent menti, qu’il n’ait jamais étudié le sanscrit à Oxford où il prétendait être resté dix-huit mois »).



© Jacques Haussy, décembre 2021