censure

censure, Témoignage

 

J’ai déjà donné, dans Malraux grand homme ? un témoignage sur la censure qui régnait dans ces temps là, où de Gaulle était Président de la République, avec, « à sa droite », Malraux, Ministre d’état chargé des Affaires culturelles. Il s’agissait du film Octobre à Paris de Jacques Panijel.

Ici, nous sommes le dimanche 22 décembre 1968, à l’entrée d’une représentation en matinée de Le Diable et le Bon Dieu par la troupe du T.N.P. à Chaillot. On remet le tract suivant :

 

Un spectacle du T.N.P frappé d’interdiction

 

6 novembre 1967 - Allemagne Fédérale :

Création à KASSEL de « LA PASSION DU Général FRANCO » d’Armand GATTI - A la demande d’interdiction du gouvernement espagnol, le gouvernement d’Allemagne Fédérale répond :

« En Allemagne existe la liberté d’expression ».


18 décembre 1968 - France :

Après accord des Affaires Culturelles, la pièce d’Armand Gatti, « PASSION EN VIOLET, JAUNE ET ROUGE », primitivement intitulée « PASSION DU Général FRANCO », est programmée au T.N.P : Cette pièce traite de l’Espagne franquiste à travers l’émigration.


Sur demande du gouvernement Franco, le gouvernement français vient d’ordonner l’interdiction de cette pièce qui doit être retirée de l’affiche du T.N.P

 

LES PERSONNELS ARTISTIQUES

TECHNIQUES & ADMINISTRATIFS

DU T.N.P

 

Les occasions de s’indigner furent très nombreuses à cette époque, et Malraux nous en a fourni à satiété, panthéonisation ultérieure incluse. Ces indignations nous accompagneront jusqu'à la fin, jusqu'à justifier peut-être l’épitaphe de Jonathan Swift : « He was gone where fierce indignation can lacerate his heart no more » (Il est parti là où la féroce indignation ne pourra plus lacérer son cœur).

 

 

© Jacques Haussy, octobre 2003

 

 


Voici ce qu'écrit Pierre Cabanne (pp. 239-240 - voir TH Cabanne) de cet épisode :

 

Son comportement dans l' "affaire Gatti", encore moins glorieux que celui de l' "affaire Langlois", attrista ses amis les plus fidèles et fit désormais le vide autour de celui que l'on considérait toujours, à cause de certaines de ses positions, comme un homme "de gauche". Le gouvernement ayant interdit, à la demande du ministre des Affaires étrangères, la représentation au TNP d'une pièce d'Armand Gatti, Passion en violet, jaune et rouge, parce qu'elle attaquait Franco, Malraux fut pressé, en raison de son passé de combattant antifranquiste, de se désolidariser de cette mesure ou de démissionner.

Non seulement il ne fit ni l'un ni l'autre, mais il publia un communiqué affirmant que "la liberté d'expression n'était pas en cause", et que "cette pièce pouvait être représentée ailleurs sous la seule réserve d'offense à chef de l'état"...

 

mars 2007