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Dernier inventaire avant liquidation
, de Frédéric BEIGBEDER, Grasset, 2001, Folio, 2003
Ces jours derniers les hebdomadaires télé mentionnaient un programme titré « Le top50 du rire ». En ce temps-là, Frédéric Beigbeder présentait quotidiennement un « Top50 des livres du siècle » dans lequel avaient trempé la Fnac et Le Monde qui avaient fait voter leurs clients et lecteurs. Ces chroniques ont été réunies en un livre qui ne m’aurait pas arrêté si Pierre Jourde n’en avait fait une brillante critique (voir Jourde sur ce site et sur fluctuat.net) : Beigbeder pond sur les écrivains du XXème siècle un étron de deux cents pages. Le geste va loin dans le symbolique. Il signifie : voyez, ce n’est pas si difficile, tout cela est à vous comme à moi, tout cela est notre image, ces grands livres c’est vous, c’est moi, c’est de la bonne, de la suave, de l’intime, de la puissante, de la sublime merde.
En 5ème position dans le palmarès figure La condition humaine. L’étude est conforme à l’analyse de Jourde qui note que Beigbeder relooke [la littérature] pour la rendre désirable et qu’il a réussi le digest littéraire à l’usage des abrutis de tous âges et de tout sexe. Il parsème ainsi ses chroniques de plaisanteries contestables. Ici : « Un jeune tueur poignarde un type qui dormait paisiblement : on dirait la scène de la douche de Psychose mais en remplaçant le rideau de douche par une moustiquaire. » La chute rigolote finale : « Si j’avais eu plus de temps, j’aurais pu vous raconter mes exploits pendant les grèves de 1995 : à un moment, je suis même allé jusqu’à crier ² zut à la société² ».
Tout de même une notation plutôt pertinente : « Le style des romans d’André Malraux s’est quelque peu fané : ils ont ce côté grandiloquent des actualités Gaumont d’avant-guerre, ainsi que cette absence totale d’ironie qui caractérise les discours du ministre des Affaires Culturelles du général de Gaulle ».
© Jacques Haussy, janvier 2004