Essais sur la chine de Simon LEYS

Essais sur la chine de Simon LEYS, Bouquins, Robert Laffont, 1998

 

 

Selon Susan Sontag, « Aujourd’hui, Simon Leys demeure le plus pénétrant, le plus élégant, le plus mordant - en un mot : le meilleur - des amoureux et des observateurs de la Chine. Ses livres sont indispensables. » Les lire et les relire est nécessaire « pour constater qu’au siècle du mensonge, parfois, la vérité relève la tête et éclate de rire » (J.F. Revel).

On a déjà signalé dans L’ange et le cachalot, recueil d’essais sur divers sujets littéraires, que l’une de ses cibles était Malraux (voir Leys sur ce site). Ici, il s’agit d’un extrait de La forêt en feu (1983).

 

… il y a plus de quarante ans déjà que nous sommes informés de la réalité soviétique, grâce aux récits de témoins irrécusables tels que Boris Souvarine, Victor Serge, Anton Ciliga, etc. Si presque personne ne les écouta à l’époque, c’est que presque personne ne voulait entendre : ce qu’ils disaient était incommode et inopportun. Dans l’avant-propos de la réédition de 1977 de son ouvrage classique sur Staline (1935), Souvarine rappelle les difficultés incroyables qu’il rencontra pour se faire éditer en Occident ; partout, l’élite intellectuelle s’efforça d’étouffer son livre : « Cet ouvrage va inutilement faire tort à nos relations avec Moscou. » Seul, ce charlatan de Malraux eut le nerf de déclarer tout rond : « Je pense que vous avez raison, vous, Souvarine et vos amis, mais je serai avec vous quand vous serez les plus forts ! »

 

Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy, le malreauxlâtre éperdu désormais bien connu dans ces pages (voir Lévy, Lévy2 et Lévy3 sur ce site), a écrit des sottises sur de nombreux pays du monde. Il n’a pas failli sur l’Asie dans Impressions d’Asie (1985). Simon Leys en a fait le compte-rendu dans un article titré Une excursion en haute platitude, repris dans L’humeur, l’honneur, l’horreur (1991). Voici quelques extraits de cet article :

 

Dans son aimable insignifiance, l’essai de M. Lévy semble confirmer l’observation d’Henri Michaux : « Les philosophes d’une nation de garçons-coiffeurs sont plus profondément garçons-coiffeurs que philosophes. »

… on se demande parfois s’il n’aurait pas eu avantage à rester cloîtré dans une cabine hermétiquement close et capitonnée, car, au contact des réalités de la rue, sa prose a fâcheusement tendance à enfler, et, comme un ballon gonflé d’air chaud, elle s’élève bientôt jusqu’à la zone des Hautes Platitudes… région dont elle ne redescendra plus, sauf pour quelques rafraîchissantes plongées dans un brouillard de volapük…

Pour que des Impressions d’Asie de M. Lévy puissent vraiment intéresser, au départ, il faudrait d’abord que M. Lévy fût. Et sitôt qu’il aura remédié à cette carence ontologique, il nous captivera, même avec des Impressions de Pontoise.

 

 

 

août 2004