André Malraux et la crise de l

André Malraux et la crise de l’expressionnisme, article des Méditations sur un cheval de bois et autres essais sur la théorie de l’art, de Ernst H. gombrich, Phaidon, 2003

 

 

 

Autre contribution à la célébration de l’évènement qu’est l’édition en Pléiade à l’automne prochain des écrits sur l’art de Malraux (voir Etiemble) voici un extrait de l’article fameux de Ernst Gombrich, paru dans le volume 96 (1954) du Burlington magazine. Dans cette édition chez Phaidon l’article fait 8 pages (78 à 85) écrites serré. Il n’est donc pas question de les reproduire ici, seulement de vous allécher avec le premier paragraphe (une demi-page environ). Mais vous ne pouvez ignorer cet article si vous vous intéressez à ces textes de Malraux, car il est une réflexion fondamentale sur leur nature :

 

Les Voix du Silence d’André Malraux reprennent, en version révisée et en un seul épais volume, le texte des trois livres précédents de sa Psychologie de l’art. Le format plus petit et la dimension plus réduite des illustrations et des planches en couleurs a pour effet de concentrer plus fortement l’attention sur le texte que ce n’était le cas dans la superbe présentation des ouvrages précédents. Or, un surprenant appel au texte apparaît dans la « manchette » même de l’éditeur. Un passage du distingué critique Edmund Wilson y est cité, où l’ouvrage de Malraux se trouve placé sur le même rang que les chefs-d’œuvre de Gibbon, Marx et Tolstoï. Une comparaison de ce genre ne peut réellement servir Malraux. Toute autre considération mise à part, l’Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, Le Capital et Guerre et Paix sont ce qu’on peut appeler fort justement des œuvres maîtresses. Elles ne nous offrent pas simplement des considérations intuitives, elles sont aussi le résultat d’un long travail discipliné. Comparé aux arrière-plans de ces réalisations, le texte de Malraux fait figure d’un enchaînement de nombreux aperçus, parfois brillants, parfois de peu de portée, mais qui ne sont jamais imprégnés de ce sens de la responsabilité caractéristique de l’homme de science aussi bien que de l’artiste. Malraux ne semble pas avoir consacré une seule de ses journées à des lectures dans une bibliothèque, pas plus qu’il ne paraît avoir cherché à découvrir quelque fait nouveau. Rendons lui toutefois justice, car il se montre parfaitement conscient que son objectif, comme la forme de son ouvrage, n’a rien à voir avec celui d’un homme de science ou d’un historien…

 

 

Août 2004