Jacques Perret a suivi une douzaine de Tours de France à partir de 1937, pour le compte de L’équipe principalement. Ses chroniques ont été réunies avec celles relatives à la boxe, la lutte, le fleuret, la voile, le basket et le jeu de « ballon à deux bouts », c’est-à-dire le rugby. Voici un extrait d’un article titré Métamorphose des dieux, écrit sur le Tour 1958 pour l’étape du Mont-Ventoux. Toutes les occasions de chambrer Malraux lui étaient bonnes.

… En tous cas on ne peut nier que le Tour joue un rôle important, quoique saisonnier, dans le parc d’attraction national.

Il aurait même, assure-t-on, quelque poids dans la conjoncture internationale, et son éclat dans le rayonnement français ne serait pas insignifiant quoique mal utilisé jusqu’ici. Mais aujourd’hui qu’il nous est donné un ministre du rayonnement national, nous pouvons espérer que le Tour sera mieux exploité au bénéfice du nom français.

Au demeurant, qui dit rayonnement dit rayons et parle vélo. M. Malraux, inventeur de la métamorphose des Dieux et subtil repenseur des mythes, ne peut ignorer que la roue de vélo est une des versions modernes du mythe solaire. Ses vingt-quatre rayons réglementaires sont issus des douze rayons du soleil inca et l’adoration du vélo, ou vélâtrie, est un transfert de mythe particulièrement bien réussi. On remarque au surplus dans certains bas-reliefs hindous le motif bisolaire qu’il faut rapprocher de la paire de roues de vélos fixes sur la voiture des grands chefs du Tour de France.