CONVERSATIONS AVEC PICASSO, de BRASSAÏ, Gallimard, 1964

 

 

Voici un extrait du livre de souvenirs de Brassaï. Les caractères de couleur rouge désignent les allégations fausses. Tout ou presque est faux : c'est du Malraux !...

Nous sommes chez Picasso, rue des Grands-Augustins à Paris, le 15 mai 1945.

 

 

Un officier entre. C'est le « colonel Berger », ex-colonel des Brigades internationales. Et Picasso donne l'accolade à André Malraux.

ANDRÉ MALRAUX : Quel plaisir de vous revoir! Et en si bonne forme! J'ai été inquiet de vous savoir dans Paris occupé...

PICASSO : Quand s'est-on vu la dernière fois? Il y a quatre ans? Il s'est passé de drôles de choses depuis... J'ai souvent pensé à vous... Que devient André Malraux? Je craignais que vous soyez parmi ceux qui ne reviennent pas... Vous aimez à narguer le destin... Vous courez après le danger... Vous êtes un casse-cou...

 

Malraux, qui commandait le maquis de Lot-et-Garonne et de Corrèze, raconte alors comment il a passé à travers tous les coups durs pendant la Résistance, arrêté, puis libéré par la Gestapo. « Le plus grand ennemi de l'armée secrète, dit-il, n'était pas la Wehrmacht, mais la Gestapo... » II parle aussi du « Plan de fer », le plan de sabotage des communications allemandes réussi au-delà de toute attente.

ANDRÉ MALRAUX : Je n'oublierai jamais cette nuit de juin où nous avons entendu les cinquante messages d'alerte de la B. B. C., et qui nous donna enfin le feu vert...

 

Il y a quelques mois, Malraux perdit tragiquement sa femme, la romancière Josette Clotys, tombée du train en gare de Brive-la-Gaillarde au moment même où elle allait le rejoindre. Il n'en parle pas. Il raconte ses derniers faits et gestes à la tête de sa brigade en Alsace : la prise de Strasbourg et la dramatique lutte pour éviter son évacuation...

 

 

Juillet 2006